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  • La terre sous les ailes blanches  Уладзімір Караткевіч

    La terre sous les ailes blanches

    Уладзімір Караткевіч

    Выдавец: Юнацтва
    Памер: 207с.
    Мінск 1981
    99.95 МБ
    LES FRESQUES
    DE POLOTSK
    ...Alors, continuons. Que les centres régionaux ne soient pas offensés si je ne com­mence pas par eux, je voudrais d’abord parler des villes anciennes, le mérite est dû à leur histoire et non pas à leur valeur de centre de district. Nous avons donc Polotsk, une des plus anciennes villes slaves. En 1962, la ville a fêté son 1100e anniversaire. J’y suis allé beaucoup de fois; malgré les nom­breux voyages je garde un très vif souvenir de mon séjour de mars 1971, ce séjour est lié à un événement qui m’a permis de me faire une image inoubliable des ans de la vieille ville.
    La couche de glace sur la Dvina est bour­souflée, bleue, déjà couverte de l’eau lim­pide provenant de la fonte des neiges d’hiver Au confluent de la Dvina et de la Polota, à l’endroit où autrefois se dressait un châ­
    teau, s’élève la silhouette blanche de la cathédrale avec ses deux clochers. C’est Sain­te-Sophie de Polotsk, la soeur de SainteSophie de Kiev et de Novgorod. C’est une construction solide du XIe siècle. Aujour­d’hui aussi elle a enduré une période de res­tauration. Des restaurations qui ne sont pas terminées. Des archives sont secoués de la poussière, des schémas sont établis, les anciens sont étudiés, des recherches sont poursuivies pour retrouver les anciens fondements, les vieux souterrains. Evidemment, beaucoup a changé depuis, les siècles ont amassé pas mal de terre et la cathédrale s’est affaissée. Les locaux souterrains renfermaient de leurs temps une des plus riches bibliothèques du pays. Elle a été brûlée par des jésuites. Quel paradoxe! Parce que, quelles que soient leurs activités, activités détestables et odieuses, les moines de cet ordre étaient les personnes les plus instruites du MoyenAge. Rien à dire, l’état des choses oblige. Plus tard, des dizaines de milliers de livres ont été livrés aux flammes pendant l’incendie du Collège de Pinsk. ,,N’attire jamais les flammes sur les biens d’autrui car elles peuvent aussi bien dévorer les tiens”.
    ...Nous voilà donc tous les quatre, deux personnes en vareuse molletonnée, mon ami et moi, assis à l’entrée de la cathédrale autour d’un poêle improvisé. Une des deux person­nes en vareuse est le chef de l’équipe chargée des travaux de restauration. Il emploie en parlant, assez facilement et avec un certain chic, des termes archéologiques, des termes de construction, qu’il a appris ici en grand nombre. On se met donc à déblayer une vieil­le plinthe, elle découvre tout à coup une plaquette en terre cuite, pas trop épaisse: quatre centimètres environ, pas grande non plus: 35 centimètres sur vingt-cinq. Et puis des signes inconnus apparaissent, l’un d’eux ressemble à un animal (un chien?), les aut­res sont des traits (peut-être pour rappeler le nombre de plaquettes, qui sait?), une inscription assez visible nous transporte dans le passé: Aa^çON qui veut dire Je
    (soussigné), Avphoni... Il est clair que le bonhomme ne devait être pas bien instruit, il avait voulu écrire son nom avec un phi ф, mais quelqu’un lui a dit ou il a eu l’idée luimême que les noms d’origine grecque de­vaient s’écrire en alphabet grec, il remplace alors le phi par un thêta 0. Voilà pourquoi le thêta est resté à moitié gravé dans la terre cuite. Et c’est moi qui ait intercepté cette voix venant des siècles, qui ait un instant compris cet homme longtemps réduit en cendres par les mille ans qui nous séparent.
    Pas loin de la cathédrale où nous travail­lions se trouve un édifice du XIIe siècle, la célèbre église du Sauveur-Sainte-Ephrossine, une église ornée de magnifiques fresques. Lorsque le soleil pénètre à l’intérieur de l’église par les étroites fenêtres les fresques s’illuminent et semblent brûler de mille feux dorés. Les couleurs or-rouges mêlées de brun, comme à peine voilées par les eaux
    limpides des rivières séculaires, nous lais­sent entrevoir le regard absent de nos an­cêtres. Il suffit de sortir de l’église, de tra­verser la rivière pour la voir de côté, à l’om­bre des arbres touffus. Elle ressemble alors beaucoup à l’Intercession sur-le-Nerli, renom­mée dans le monde. Et, comme autrefois, sa silhouette renversée semble gravée dans les eaux de la rivière, reflétant le blanc éclatant de ses murs.
    Ici tout semble émaner les siècles pas­sés. Des aménagements de la rue Karl Marx ont permis de découvrir sous l’asphalte, la terre, sous des morceaux de bois, les restes d’un très vieux fondement, une pièce d’échec
    Polotsk. L’église du Sauveur-Sainte-Ephrossine. XIP siècle
    en os ou un calendrier. C’est sur les bords de la Dvina que se trouve un vieux collège où a vécu et travaillé Siméon Polotski, un des initiateurs de la versification russe.
    C’est aussi à Polotsk qu’a vécu, bien avant Siméon, Francisque Skorina, le premier im­primeur des Slaves de l’Est. Il n’y a pas long­temps, un superbe monument a été érigé en sa mémoire.
    Evidemment ce sont les vestiges du pas­sé qui composent la véritable silhouette de l’ancienne ville que pas tout le monde peut voir en venant ici. Mais ce qui saute aux yeux de tout venant ce sont les larges rues bordées de verdure, les maisons nou­velles, les bâtiments de l’usine des fibres artificielles et d’autres entreprises indu­strielles (la farbique des matériaux de construction, les lignes automatiques pour la fabrication d’éléments en béton préfab­riqués, l’usine d’articles en plastique), les clubs et les cinémas, les bâtiments des étab­lissements d’enseignement, des maisons de la culture physique.
    Il suffit de descendre la Dvina, vingt kilomètres en aval, pour arriver à Novopolotsk, une ville beaucoup plus jeune que sa soeur aînée. Novopolotsk, c’est un ensem­ble moderne de beaux édifices, de places spacieuses, de parcs, de bibliothèques et de cinémas.
    Novopolotsk, c’est aussi sa rafinerie de pétrole, une des plus puissantes de l’U.R.S.S. La nuit, la ville est allumée de mille feux, brillant sur un vaste territoire. Le jour, c’est un immense complexe de constructions com­pliquées, commençant par la tuyauterie pour créer le vide et finissant par les ateliers où est mélangée la matière qui sert à la fabri­cation du polyéthylène (un combinat chi­mique se trouve également à Novopol­otsk et produit le polyéthylène, le nitron, etc...)
    Les principaux produits (au nombre de 46) que la rafinerie donne au pays sont: le gaz-oil, des essences de haute qualité, des huiles, le mazout, le bitume...
    Polotsk. La cathédrale Sainte-Sophie. XIIe —XVIIIe siècle
    Novopolotsk est entouré de forêts avec de nombreuses maisons de repos, des colonies de vacances pour les enfants. Au pied de la ville la Dvina roule sans cesse ses eaux et caresse en passant les rives surmontées de la Sainte-Sophie.
    VITEBSK, VILLE
    DES GRANDS MAÎTRES
    ...Continuons notre randonnée par une ville qui a à peu près le même âge que Po lotsk. Vitebskest un centre régional, en 1974 il a eu exactement 1000 ans.
    J’ai eu le plaisir d’assister à son milliè­
    me anniversaire. Un anniversaire pareil est un spectacle féérique qu’on ne voit pas sou­vent. Des milliers de personnes défilent sur la place centrale, ici c’était la place Lénine; des gerbes de fleurs sont déposées au pied des monuments et des statues. Un grand nom­bre de millitaires, d’anciens combattants, de civils prennent part à cette fête. Partout, ce ne sont que chants et danses, carnavals où bêtes et gens sont figures allégoriques, semblent sortir à l’instant même des contes populaires. La fête se prolonge longtemps dans la nuit sur la Dvina, à la lumière des
    flambeaux et des projecteurs. Les mille feux retiennent un instant une ladia (barque à voile) qui vient d’accoster, une princesse en descend, c’est la princesse Volga; un peu plus loin on voit d’autres embarcations, parmi lesquelles le légendaire „Aurore”. Après, tout le monde assiste aux feux d’arti­fice, mille feux multicolores tombent du ciel comme mille étoiles filantes.
    Cet anniversaire a été la fête des feux d’artifice, de la chanson, du talent, de l’i­magination des maîtres, car Vitebsk est la ville des grands maîtres. Je suis fier que dans cette oeuvre, contribution laborieuse à l’histoire, il soit dit des choses agréables en l’honneur de cette ville millénaire.
    Les grands maîtres ont fait de Vitebsk une ville historique. Elle a toujours été un avant poste fortifié sur le chemin des envahisseurs. Elle a été autrefois un centre commercial important sur la voie des Varègues allant en Grèce. C’était aussi un grand centre cul­turel. C’est là qu’on a trouvé en grand nom­bre, et pas par hasard, des anciennes chartes, des écrites sur de l’écorce de bouleau.
    Les habitants de Vitebsk étaient autre­fois belliqueux, mais ils savaient aussi faire preuve de courage, d’un courage te­nace. Ils ont participé à la bataille sur la Néva, sur le lac Tchoudsk, ils ont écrasé les croisés près de Yourievo, ils se sont plus d’une fois soulevés contre les seigneurs fé­odaux. Ils sont remarquables aussi par leur passion pour l’art, la peinture, l’ar­
    tisanat. Aujourd’hui aussi, dans les coins éloignés de la région de Vitebsk, on peut trou­ver encore d’anciennes icônes, des statuettes. C’est justement là qu’est né, parmi les Sla­ves de l’Est ,l’art des carreaux de faïance en relief et en couleur. C’est aussi de là que cet art a pénétré dans les régions voisines; les maîtres faïenciers Ighnat, fils de Maxime de Kopess, avec son ami Stépan, fils d’Ivan de Mstislavl, ont répandu cet art jusqu’à Moscou. Ils ont construit beaucoup d’im­meubles qu’ils ont recouverts de carreaux de faïance, de véritables chefs-d’oeuvre comme le terem couleur d’azur (maison dans l’ancienne Russie) de Kroutitski, certains palais du Kremlin, les bâtiments de la Laure de la Trinité et de Saint Serge, l’église du monastère de Novo-Jérusalem.
    Vitebsk, aujoud’hui aussi, est resté la ville des grands maîtres aux mains habiles d’artistes. Ces mains construisent des ma­chines-outils, des machines exportées dans II pays du monde des appareils électriques de précision. On a construit une usine de téléviseurs en couleurs.
    Mais l’industrie légère à Vitebsk occupe tout de même la première place. Est-ce que ce n’est pas la production de l’usine de chaussures et de la bonneterie KIM de la ville qui permettent aux gens d’être bien chaussés? L’usine de confection „Le Drapeau de l’Industrialisation” les habille. Et qui