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  • La terre sous les ailes blanches  Уладзімір Караткевіч

    La terre sous les ailes blanches

    Уладзімір Караткевіч

    Выдавец: Юнацтва
    Памер: 207с.
    Мінск 1981
    99.95 МБ
    Mais le monde de la Forteresse a résisté. Il a résisté aux obus et aux bombes, aux engins que les sapeurs du 81e bataillon al­lemand, cachés sur les toits, jetaient dans les caves. Les briques fondaient, coulaient comme de la lave, mais rien ne pouvait faire reculer des gens qui avaient décidé ferme de résister jusqu’à la mort, la lutte était iné­gale. On est le 30 juin (la guerre a commencé le 22 juin), la résistance, elle continuera le 10 juillet. Les coups de feu se font plus ra­res. Nous sommes le 20 juillet, et ça là, on entend encore tirer, les coups de feu par­tent des souterrains. La Forteresse ne se rend pas. Elle meurt comme l’homme privé de nourriture, d’eau.
    J’ai eu l’occasion de voir la Forteresse tout de suite après la guerre, quand l’hé­roïsme de ses défenseurs n’était pas encore trop connu. Ce n’était qu’amas de briques brisées, de ruines, des tonneaux à essence vides traînaient partout. J’y suis allé éga­lement plus tard, tout le territoire é/ait déblayé, un musée fonctionnait, il y avait des fleurs partout. J’ajouterai que j’ai pris part à l’élaboration du projet de la construc­tion du complexe mémorial sur le territoire de la Forteresse.
    J’y suis allé encore une fois à la fin des travaux, lorsque le complexe mémorial
    était terminé; son obélisque, son ensemble intitulé “La Soif”, ainsi que le reste du complexe rappellent l’héroïsme des dé­fenseurs de la Forteresse pendant les pre­miers jours de la guerre. Et chaque fois que é je reviens à Brest et je revois la Forteresse, chaque fois cet acte de bravoure m’étonne de plus en plus.
    Pendant les travaux de construction du complexe mémorial une grande partie du vieux Brest a été mis à jour, des découvertes importantes y ont été faites. C’est comme si des siècles entiers venaient de surgir du passé. Le XIe siècle touchait au XXe. Des abris séculaires et des vestiges de maisons voisinaient avec des bâtiments modernes, des palais, des bibliothèques, un noeud ferroviaire important. Ajoutons que Brest aujourd’hui, c’est l’Institut du Bâtiment, c’est le Moukhavets avec ses quais, c’est l’usi­ne de fourneaux à gaz, l’usine de tapis, l’usi­ne de lampes électriques, l’usine de machines agricoles, d’appareils électriques, le combi­nat textile, ajoutons à tout cela la bon­neterie avec sa production allant jusqu’à 30 millions de paires de bas et de chausset­tes par an.
    Lorsque je pense à toutes les transfor­mations qui se sont passées dans nos vieil­les villes, j’en perds le fil et je risque de commettre des erreurs en citant des chiffres. On sait, par exemple, qu’il y avait dans telle ou telle ville deux entreprises industrielles, puis on découvre qu’il y en a déjà dix; il suffit d’en nommer cinq et voilà qu’on app­rend qu’il y en a 32 aujourd’hui. Aucune oeuvre littéraire n’est capable de marcher au pas ou de suivre le rythme de l’histoire contemporaine.
    Brest attire aussi l’attention des touris­tes par sa verdure. J’ai voyagé un peu par­tout et je dirai que c’est une ville des plus vertes de l’U.R.S.S. Elle entre dans la vingtaine de villes les plus vertes ou bien même la dans la dizaine dans laquelle figure Kiev, une des magnifiques villes de notre pays.
    GRODNO —
    LE GLAIVE, ET LA LIBERTE
    ET LA GLOIRE
    Grodno est le dernier centre régional qui figure dans notre liste. Mais ce n’est pas la dernière ville parmi les plus anciennes et les plus belles, parmi les villes qui possè­dent une silhouette paticulière leur permet­tant de se distinguer des autres.
    Grodno est né sur une des hautes rives du Niémen, à l’endroit où la Garadnitchanka vient y mêler ses eaux, d’où le premier nom de la ville: Garadzenn ou Garodnia. On en parle pour la première fois en 1128, mais c’était déjà à l’époque une ville importante, beaucoup plus grande que la ville d’ori­gine, puisque Grodno était alors capitale de principauté.
    Nos chroniqueurs et nos historiens se font toujours une idée un peu drôle lorsqu’­ils disent que la première mention de telle ou telle ville remonte à telle année, l’année, en principe, est toujours reliée à un incendie ou d’autres calamités de ce genre. Ils disent, par exemple, qu’on parle de cette église dans les annales pour la première fois en telle année parce “qu’elle a pris feu à la suite d’un coup de foudre”.
    Grodno formait autrefois un avant-poste; voilà pourquoi on y avait construit un châ­teau fort. Plus tard, la ville a été entourée d’un bourg, et comme nous le disent les fouilles, d’un bourg habité par des fondeurs, des po­tiers, des forgerons, des bourreliers, des savetiers, des charpentiers, des joailliers et même des artisans fabriquant des jouets. La ville faisait du commerce avec les prin­cipautés voisines, avec les pays baltes, avec FOuest. Mais bientôt un grand malheur s’abat sur la ville, un malheur qui a touché égale­ment tous les peuples slaves. Les cavaliers tatars et mongols ont mis la ville à feu et à sang, les murs blancs des églises en étaient rouges. Vladimir, Riazan, Kiev tombent sous l’assaut des hordes barbares qqi des-
    Grodno. Le château fort. Gravure du XVIe siècle
    cendent jusqu’à la mer Adriatique, “la dernière mer”. Novgorod réussit à garder sa liberté. Avec beaucoup de mal avaient pu résister aux assauts les terres de Polotsk, de Tourov et de Pinsk ainsi qu’un certain nombre de petits duchés qui en faisaient par­tie. Tout ceci au prix de nombreux sacri­fices. de sang. Une légende nous dit que dans la ville de Tourov, les tatars ont bouché un puits avec des nourrissons. Durant sept ans le puits était plein de lait de nourrice, l’eau
    avait disparue. Evidemment Battey ne s’était pas attendu à une telle résistance, il a eu peur d’une alliance slave avec la Hongrie. C’est pourquoi il a poussé ses hordes dans cette direction. Et les terres au nord du Pripiat ont été épargnées. Plus tard, les tatars ont essayé de les attaquer, mais chaque fois ils étaient battus. En particulier, en 1241 et en 1249, près d’un petit bourg appelé Kroutogorié. A la dernière bataille, les tatars étaient commandés par un khan appelé Koïdann. Depuis, Kroutogorié a été appelé Koïdann (aujourd’hui, c’est Dzerjinsk).
    A peine les batailles avec les tatars pren­nent fin que de nouveaux malheurs s’abattent sur la ville. En 1230, Konrad Mazavetski demande aide à l’Ordre teutonique. Le glaive menaçait cette fois-ci d’un autre côté, plus terrible encore, sans grâce et sans pitié. Parmi les armes exposées au musée de Grodno on peut y voir un glaive avec l’inscription sui­vante gravée sur la lame en vieil allemand: *‘Drink blut” qui veut dire: Bois le sang. Les Prussiens sont tous tombés sous les coups mortels des chevaliers de l’Ordre. Et lors­que plus tard, la foule écoutera chanter des troubadours prussiens, elle ne comprendra pas leur langue. Les chevaliers riront et en guise de récompense leur donneront des noix vides. C’est ce qui menaçait les Bi­élorusses,d’être exterminés jusqu’au dernier.
    Grodno se trouvait un peu comme à l’avant de toutes les autres villes biélorus­ses. C’est pourquoi il subissait toujours le premier le choc des assauts ennemis. En 1284, la ville a même été détruite. Mais un peu plus tard, en 1296, en 1306 et en 1311, les chevaliers de l’Ordre teutonique ont été battus par les Polonais commandés par David de Grodno. En 1314, il réussit encore une fois à écraser les chevaliers de l’Ordre, de passer à l’attaque et trois fois de suite (en 1318, en 1319 et en 1323) de repousser les croisés jusqu’à Malmberg. Après une telle défaite l’Ordre n’est pas arrivé à se relever, surtout après la bataille de Grun­wald, en 1410. Il y avait là des régiments polonais et lituaniens (c’est-à-dire des ré­giments des différentes principautés parmi lesquelles celles de Brest, de Volkovysk, de Lida, de Novogroudok, de Slonime, de Grodno et d’autres villes encore), des unités et des régiments tchèques qui faisaient partie de l’armée du domaine de Smolensk. Les régiments des terres de Polotsk, de Vitebsk, de Kritchev, de Moguilev, de Mstislavl étaient commandés par le prince Youri de Mstislavl. La bataille de Grunwald est une des batailles qui a engagé de part et d’autre un très grand nombre de guerriers. L’Ordre
    teutonique était représenté par 83 mille soldats, les slaves et les lituaniens étaient au nombre de 163 mille. Un nombre de guerriers qui étonne pour une population de la planète pas très nombreuse à cette époque. D’autant plus que dans d’autres batailles les chiffres étaient moins frappants. On apprend, par exemple, qu’à la bataille du lac Tchoudsk, 500 chevaliers ont été tués, 50 faits prison­niers. Il y avait en donc tout pas plus de 1500—1700 guerriers engagés dans la ba­taille. On dit aussi que les habitants de Novgorod ont armé 5 mille hommes contre Vassili le Sombre (et l’armée était nombreuse nous disent les annales de l’époque). On ap­prend par la suite, que pendant la bataille de Souzdal, 1500 hommes se sont battus contre Vassili le Sombre. Alors, comme vous voyez, Grunwald ne peut ne pas étonner par son envergure. Les forces allemandes étaient supérieures malgré leur nombre plus faible. Rien d’étonnant à cela parce que les cheva­liers teutoniques étaient couverts d’armures de Milan et de Nuremberg, pratiquement, à l’époque, ils étaient invulnérables. Un che­valier allemand valait trois soldats slaves ou lituaniens qui, eux, avaient des boucliers en cuir, étaient armés d’épieux, de massues, de fléaux et de fourches. Ils avaient sur la tête des casques tressés de cordes, des cas-
    La bataille de Grunwald. Gravure de l'époque
    ques qui pouvaient préserver des coups d’épée, les lances et les.flèches les peiçaient facile­ment. Malgré leur supériorité en armes, les chevaliers teutoniques ont été battus, 40 mille ont été tués, 15 mille faits prisonniers.
    De tous les régiments biélorusses qui ont participé à cette bataille, le régiment de Grodno était le plus nombreux.
    ...Leroi Stefan Batory a fait construire à Grodno un nouveau château, un peu trans­formé, il est resté intact aujourd’hui. On en a fait un musée. Le château a été construit par des maîtres du bâtiment de Grodno, très renommés à l’époque. Ils étaient même maintes fois invités à effectuer des travaux de con­struction à Vilna, à Varsovie, à Moscou. Il y avait aussi à Grodno des maîtres ar­muriers, des forgerons, des sculpteurs, etc...