La terre sous les ailes blanches
Уладзімір Караткевіч
Выдавец: Юнацтва
Памер: 207с.
Мінск 1981
Vitebsk. Une charte écrite sur de Vécorce de bouleau.
Vitebsk. Gravure du XIXe siècle
Vitebsk aujourd’hui
ne prossède pas de tapis aux couleurs de l’arc-en-ciel fabriqués ici-même, à Vitebsk?
Et si ces tapis, exposés à Damas, une des plus anciennes villes renommée pour sa tapisserie, obtiennent des diplômes, cela veut dire bien des choses.
Vitebsk, pendant la dernière guerre, a complètement été détruit, sans compter combien de fois il a été incendié autrefois. Plus des 90 pour cent du territoire de l’ancienne ville n’étaient qu’amas de briques, de béton, de ferraille, de cendres, c’était un désordre inimaginable. Plus de 100 mille habitants de la ville ont été exterminés, le reste a été évacué, déporté en Allemagne. A la libération de la ville, l’Armée soviétique trouve dans ce chaos indescriptible 180 personnes restées vivantes par miracle. La mort était évidente. Cet enfer paraissait impossible à déblayer, la ville était à reconstruire dans un nouvel endroit. La ville, il faut la voir aujourd’hui, elle a été relevée des ruines, comme d’ailleurs toute la Biélorussie.
Vitebsk est une ville tout à fait nouvelle et jeune. Des vieilles constructions, il en est resté très peu: quelques bâtiments, la mairie datant du XVIIe siècle, aujourd’hui elle abrite les rares et riches collections du musée régional, c’est là aussi que sont exposés de nombreux tableaux des peintres russes et biélorusses, des artistes de la ville. Vitebsk est une ville où vivent encore les anciennes traditions artistiques. En particulier, c’est ici que travaillent ou ont travaillé des artistes peintres comme Y. Pein, M. Doboujineski, S. Malévitch, M. Chagall, des artistes peintres bien connus. I. Répine y a travaillé durant quelques années, il vivait alors dans sa propriété de Zdravnévo, tout près de Vitebsk.
MOGUILEV VILLE
DU TOMBEAU DE LEW (LION)
Suivons d’abord les voies de tirage empruntées par nos ancêtres pour passer des fleuves du Bassin de la Baltique à ceux du
système hydrographique de la mer NoireDescendons ensemble le Dniepr jusqu’à Moguilev, une ville tout à fait nouvelle, située sur la rive droite du fleuve, une rive très haute et accidentée. Ces endroits, autrefois presque inaccessibles, actuellement sont couverts de constructions modernes. Les quartiers de la ville portent encore des noms qui caractérisent leur accès difficile comme: “Machakovka”, “Debry” (forêt impénétrable. S. B.). En réalité, autrefois, ces régions étaient impénétrables. Selon une légende (adaptée par Yanka Koupala), la région où se trouve Moguilev était habitée par un brigand appelé Machéka. Il s’était fait brigand le jour où il avait appris que le prince de la contrée avait enlevé sa fiancée. Le prince avait profité de l’absence de Machéka. Celui-ci était descendu en Ukraine en radeau sur le Dniepr pour gagner de l’argent, de l’argent pour célébrer ses noces. A cette époque il était impossible de pénétrer dans une forteresse, même pour un homme courageux et vaillant. Alors Machéka se fait une tanière dans la forêt sous un arbre déraciné, se couvre d’une peau de loup qui immédiatement se colle à son corps. Il devient ainsi la terreur de la contrée. Il a la chance de rencontrer un jour le chariot du prince. La garde prend la fuite, le propriétaire est tué. L’homme-loup jette la femme sur son dos et la porte dans sa tanière. Mais la femme avait déjà pris l’habitude du luxe et de l’or, elle se révolte et lorsque Machéka s’endort, elle lui plonge un couteau dans le coeur. A l’endroit où son corps a été enseveli s’élève un tertre.
La haute sépulture,
Là où la forêt, les vents sont maîtres,
De celui qui fut puissant, que vous le sachiez, Le peuple l’appela “Tombeau de Lew”.
Depuis dessus des arbres sont tombés, Une ville en a surgi, comme de sous terre, Moguilev qu’elle fut appelée, Nul autre nom ne lui convenait.
A la même place où le monde Apportait les morts pour ensevelir. On voit un tertre avec des tombés, Le nom de Machéka lui est donné.
Moguilev a été fondé en 1267, à l’endroit même oû se trouvait l’ancienne forteresse. L’histoire de la ville est tourmentée et souillée de sang. Plus d’une fois elle a été assaillie, envahie. Alors elle a été prise et mise sous la protection des chefs cosaques venant d’Ukraine (en 1590 par Matiouchko le Fainéant; en 1595 par Sévérin Nalivaïko). Plus tard la ville repasse aux mains des Polonais, mais ses habitants continuent à lutter et réussissent à chasser les oppresseurs. Quatre années de suite les habitants de Moguilev sont maîtres de leur ville. Mais au début du XVII-e siècle des têtes sont coupées les battants des cloches arrachés (pour empêcher de sonner le rassemblement des révoltés. S. B.).
On peut voir encore aujourd’hui à Moguilev l’église Saint-Michel. C’est un bel exemple du style baroque en Biélorussie. Cette église est liée à un autre épisode de l’histoire. Il y avait à l’époque, vivant sur son territoire, un maître d’école peu connu, Dimitri Nagui qui a eu une idée folle, celle de devenir tsar. Avec l’aide et le soutien des gens de son entourage il réussit à monter sur le trône sous le nom de Dimitri. 11 est vite détrôné par la suite mais restera dans l’histoire sous le nom de Dimitri le Faux.
Moguilev a enduré la présence de l’envahisseur suédois et d’autres brigands de la même espèce. C’est là une histoire longue et douloureuse à raconter. Pendant la dernière guerre, la ville a longtemps résisté à l’ennemi (25 jours, du Ier au 26 juillet 1941). Elle a beaucoup souffert sous l’occupation, c’est pourquoi il est resté très peu de monuments historiques.
Les artisans de Moguilev en ont fait sa renommée. La ville avait autrefois ses maîtres armuriers, ses joailliers, ses potiers.
Moguilev. La mairie. XVIsiècle-
Aujourd’hui, tout le monde connait Moguilev pour ses entreprises chimiques.. Citons en premier lieu le combinat defibres synthétiques et l’usine de fibres artificielles (soie artificielle, cellophane, etc.. 14 produits en tout), le combinat chimique“Zara”. La ville possède des entreprises industrielles pas moins importantes fabriquant des ascenseurs, des lignes automatiques pour la production d’ardoises d’amianteet d’autres matériaux de couverture; des machines pour les briquetteries, etc... Ce qui fait aussi la renommée de la ville, c’est son usine de moteurs électriques et surtout l’usine d’automobiles qui construit des remorqueurs, des screapers, des wagonnets pour les travaux souterrains, des camions tout
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Moguilev. L’avenue de la Paix
terrain pour les régions où les routes sont mauvaises ou tout à fait dépourvues de voies de communication.
Moguilev est aussi une ville culturelle. Ses annales remontent au XVIe siècle, elles nous apprennent qu’il y avait déjà des écoles à cette époque. Actuellement, ses établissements d’enseignement supérieur s’occupent de la formation d’ingénieurs, de techniciens, d’enseignants. C’est aussi à Moguilev que
se trouve un des plus beaux et des plus riches musées de la République. C’est là qu’était exposée, elle a disparu pendant la guerre, la Croix de Lazare Bogchy, un chefd’oeuvre bien connu du monde religieux slave (la Croix avait été faite à Polotsk sur la demande de la civilisatrice Ephrossine de Polotsk). La ville possède encore un musée de l’art traditionnel, beaucoup de bibliothèques. Moguilev, c’est aussi ses parcs et sa rivière, ses environs avec leurs prés et leurs forêts en terrasses, c’est ses immenses vergers. J’aime beaucoup les pommes de la région du Dniepr, je les préfère à toutes.
Kaloja. XIIe siècle
Grodno aujourd’hui
GOMEL, VILLE DE VERDURE ET D’EAU
...Gomel se trouve sur le Soge, une rivière aux eaux profondes, au lit morainique, aux rives bordées de chênes. Un peu au sud de la ville, le Soge se jette dans le Dniepr. Gomel est littéralement noyé dans la verdure abondante des nombreux parcs. La ville est très ancienne (1142) et très jeune à la fois. Ce qui fait sa beauté, ce sont ses boulevards, son ensemble de constructions, d’édifices bien conçu. Il suffit de passer la place Sovetskaïa, devant le théâtre, de tourner à gauche pour se retrouver tout à coup dans un parc qui forme à lui seul tout un monde à part, un parc vieux de deux cents ans (1780). On y trouve là une centaine d’espèces d’arbres, des grottes, des serres, des ponts en arc, des lacs avec des cygnes, une cathédrale du début du XIXe siècle, la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul; elle ressemble d’ailleurs beaucoup à la SaintIssaac de Léningrad, en plus petit bien sûr, On peut y voir également la tombe de la famille du comte Paskiewicz. La cheminée de son ancienne usine a été construite en forme de minaret et de sa hauteur on a un panorama magnifique de la ville. Il y a enfin à Gomel un splendide palais construit au XVIIIe siècle par Roumiantsev, devenu propriétaire de ces terres, offertes par Catherine II après le partage de la Pologne. Le palais est un bel ensemble de 70 salles couvertes de marbre, d’or, d’agate et de bois rares. Aujourd’hui s’y trouve le Palais des pionniers, de nombreux cercles, des ateliers où les enfants peuvent bricoler, une riche bibliothèque. Une des ailes du palais, embellie de vitraux, avait servi autrefois de bibliothèque, une bibliothèque que plus tard Roumiantsev a fait transporter à Moscou. C’était une très, très riche bibliothèque de l’époque qui a gardé son nom. Elle a formé la base de la Bibliothèque Nationale de l’U.R.S.S. portant actuellement le nom de Bibliothèque Lénine.
En 1834, le général Paskiewicz, pour sa “victoire” contre les Perses, a reçu les terres de la région de Gomel, le palais et le parc de la ville. Ces “trophées” ainsi que toutes les contributions reçues après la guerre avec les Perses ne valaient pas la vie de A. Griboédov, une vie avec laquelle il a payé la paix. Paskiéwicz a fait construire une tour imposante, une tour attenante au palais, il y a installé un musée avec une riche collection de vieux livres, de manuscrits, de tableaux et de sculptures, d’oeuvres d’art antique, des bijoux en or et en argent incrustés de pierres précieuses. Il y avait là également un musée retraçant les campagnes perses. Ce musée avec toutes ses richesses a été pillé pendant la dernière guerre. Aujourd’hui, le musée possède aussi de riches collections mais le passé n’y figure plus.