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  • La terre sous les ailes blanches  Уладзімір Караткевіч

    La terre sous les ailes blanches

    Уладзімір Караткевіч

    Выдавец: Юнацтва
    Памер: 207с.
    Мінск 1981
    99.95 МБ
    Et c’est le premier des âges qui a été le us dur.
    Partout sur le territoire de la Biélorussie on trouve des vestiges de ces siècles passés.
    Il y a longtemps, dans mon enfance, j’ai commis une mauvaise action. Je suis coupab­le, je le reconnais, mais, vu l’âge que j’avais, j’appelle aux circonstances atténuantes. En compagnie de polissons qui me ressemblaient, j’ai pillé un tombeau sur les bords du Dniepr. Un squelette rouge recroquevillé était couché sur le côté. Près des genoux il y avait un vase et une bague composée de petits grains mé­talliques. Le crâne était quatre fois plus gros que ma tête et la mâchoire inférieure était profondément enfoncée sur les oreilles. Après, quand j’en parlais, tout le monde était unanime à affirmer que j’avais fait une
    découverte archéologique. On n’avait ja­mais trouvé de tombeau pareil dans ces lieux. Mais cette découverte a été perdue à cause de moi, bêta. Ce qui veut dire que personne, excepté les savants, ne doit fouil­ler les tombeaux. Jusqu’à maintenant, je suis resté un ignorant en archéologie. Aussi n’en parlerai-je que dans ses lignes les plus générales et je ne dirai que ce j’ai vu de mes propres yeux. Et ce n’est pas peu. Parce que partout, ici, on voit des vestiges du passé. Des kourganes-monticules élevés sur les tombes — sur les bords du Dniepr et du Svitiaz, des milliers de petits éclats de céramique qui apparaissent à la surface du sol après les pluies à l’emplacement des anciennes cités. Quand on se promène dans les environs de Ouchatchy on voit soudain apparaître, lorsque le soleil se couche, d’in­nombrables ombres arrondies. Elles sont jetées par les kourganes à demi usés, envahis par des forêts de pins. Ces rangées de tombes s’étirent sur des kilomètres entiers. Parfois même, sur ces tombeaux ombragés, restes des majestueux kourganes élevés dans les temps passés, on a creusé, en nos jours, de nouvelles tombes. Ces kourganes dans la région sont appelés “les pauvres” ou “les géants”, conformément à une légende selon laquelle des géants avaient péri en défendant ces terres. Certains d’entre eux ne sont pas morts, mais dorment sous ces monticules de terre jusqu’au jour d’un grand malheur, où ils seront appelés de nouveau à l’aide.
    On estime, avec un haut degré de préci­sion, que nos contrées étaient déjà habitées pendant le paléolithique moyen, à l’époque glaciaire. En ces temps le glacier s’arrêtait à la hauteur du cours supérieur du Dniepr et
    la Biélorussie était une immense toundra où se promenaient des rhinocéros couverts de longs poils et des troupeaux de mammouths, tandis que le lion des cavernes et l’ours chassaient les chevaux sauvages. L’homme (le néandertal) possédait contre eux des poin­tes de pierre acérées et le feu, ce qui était une chance inouïe, car il ne savait pas encore construire des cabanes pour s’abriter des intempéries, alors que chez nous, en Bié­lorussie, il n’y a pas de cavernes naturelles.
    Le paléolithique supérieur (de 40 000 à 10 000 ans avant notre ère) a été témoin du début de la vie sédentaire, des premières cons­tructions d’habitation et de l’union des hommes en grandes hordes. Autrement, il était impossible, par exemple, de forcer un mammouth d’entrer dans un ravin-piège. On a terminé d’étudier deux emplacements d’habitation de ces hommes, tous les deux dans la région de Gomel. On a trouvé des charbons, des éclats de silex, des os de mam­mouths (on en avait tué de 40 à 45), ainsi que de chevaux sauvages, de taureaux, de rhino­céros, d’ours, de loups, de rats d’eau, de gisels, de grands ducs. On mangeait tout à ces temps-là. On a mis à jour une cabane uni­que en son genre, érigée avec des crânes, des os et des ivoires de mammouths. A l’inté­rieur il y avait un foyer et même des fosses qui servaient de dépôts.
    L’âge de pierre moyen, le mésolithique, c’est avant tout les arcs et les flèches. Les animaux de l’époque précédente avaient disparu; certains avaient été tués, d’autres avaient suivi le glacier qui se retirait. Ce sont les animaux contemporains qui appa­raissent: l’aurochs, le cerf, l’élan, le sanglier, l’ours brun, le castor. L’horde n’était plus nécessaire pour les chasser, elle se démantèle en petits groupes et même en familles. Cer-
    Idole du camp près du village de Ossoviets. Première moitié du IIe millénaire avant notre ère.
    Une des oeuvres d'art les plus anciennes trouvées sur le territoire de la Biélorussie
    tains ont suivi les mammouths qui euxmêmes suivaient la toundra qui se retirait vers le Nord. C’est justement pendant le mésolithique que tout le territoire de la Bié­lorussie a été occupé. On trouve beaucoup de vestiges des agglomérations de cette époque.
    Vient le néolithique. C’est l’élevage et l’agriculture. On commence déjà à polir les haches; il ne faut que de 10 à 12 jours pour fabriquer une barque entièrement taillée dans un tronc d’arbre. L’humanité fait des
    Mines de silex
    progrès! Au lieu de la “brochette” primitive et à demi brûlée on “sert la soupe” dans de la vaisselle de terre cuite. On n’habite pas n’im­porte comment non plus, mais dans des gour­bis confortables et, même, dans des abris à la surface du sol.
    C’est très facile de glorifier le progrès effectué par l’homme et de faire éclater les fanfares en son honneur, sur le papier. Nous avons réussi à ébaucher le chemin parcouru sur une page. Nos ancêtres, eux, pour faire ce chemin, ont eu besoin de 25 000 années.
    Si on parle de l’industrie, il faut noter que c’est à la même époque qu’elle apparaît. Ce n’est pas une exagération. Dans l’arrondis­sement de Volkovysk, près de la petite ville de Ross se trouve le village de Krasnosselsk. Il y a une cinquantaine d’années l’architecte et archéologue Z. Schmidt a découvert, au pied des collines de craie, de nombreuses mines. Il en a compté un millier environ. Creusées à la fin du néolithique. Ainsi, ces mines de silex ont cinq mille ans! On creusait le puits avec des pioches d’os et des pelles de cornes. On trouvait le filon et on commençait à tailler la galerie. Elle était très étroite —• de 0,5 à I m. On y travaillait couché. Elles avaient jusqu’à 20 mètres de longueur. On suffoquait dans la fumée, parce qu’on s’éc­lairait à l’aide de torches. Et ainsi de jour en jour, car c’était leur pain et le pain de tous ceux qui, dans la vallée du Niémen, tra­vaillaient la terre avec des outils façonées avec le silex de Krasnosselsk.
    Apparaît le bronze, mais le silex con­tinue à être utilisé. On le trouvait toujours sous ses pieds, mais la Biélorussie ne possé­dait ni cuivre, ni étain. La hache de pierre à cette époque est perfectionnée, polie. Comme celle qui maintenant se trouve sur ma table, gris-blanche, emmanchée, naturellement, sur un manche contemporain. Cela ressemble à un jouet.
    Je ne vais pas vous faire de leçons sur les civilisations du Dniepr moyen, dès régions de Sosny, de Tchyniètsk, de Polésie c’était la civilisation de la céramique à
    laçure. De même en ce qui concerne la ci­vilisation de l’âge suivant, celui du fer, qui a élévé les peuplades de la Biélorussie au rang de leurs voisins grâce au minerai de marais, qui justement ne manquait pas sur leur ter­ritoire. Même au milieu du XIXe siècle pendant la guerre de Crimée,une grande partie des boulets utilisés avait été livrée par l’usine de Kraptovitch à Vichniovo.
    L’âge de fer, c’est la charrue, l’arraire traîné par deux boeufs, la faucille, la hache et le développement de l’agriculture sur les terres déboisées, C’est le seigle, le millet, le blé, le pois, l’avoine, la vesce.
    En même temps, c’est l’accumulation des richesses, les luttes entre groupements et tribus. L’égalité de la pauvreté disparaît. C’est le règne de l’injustice qui commence. Pour des milliers et des milliers d’années. Cette marée noire a fait apparaitre les places fortes qui couvrent tout le territoire. In­vasions, incendies, guerres, querelles pour les terres cultivées.
    Et puis, frère contre frère, parent contre pa­rent, fus contre père se sont soulevés... „Famille contre famille, tribu contre tribu.”
    Les tribus, les civilisations, les familles s’unissaient de nouveau, s’assimilaient aux voisins, grandissaient. Ils se bouscu­laient, se remplaçaient sur la future terre biélorusse. Ce sont les civilisations de Lougitsk, de Pamore, de Milogradsk. La cérami­que hachurée, la civilisation de Zaroubinietsk, celle de Dnieprodvinsk. Qui étaient-ils ces hommes, il est difficile de le dire. Pour mieux les connaître, on peut s’adresser à une des branches de la science du langage, l’hydronymie, qui étudie l’origine des noms des lacs et des rivières. Il est clair que les nou­veaux venus n’inventent pas de noms nou­veaux pour les cours d’eau (c’est ce qui se passe le plus souvent). Ils les demandent aux habitants du pays et les acceptent même duand les noms proposés semblent ne rien vouloir dire. C’est pour ça que, bien souvent, on ne peut pas expliquer les noms de nos rivières. Vraiment, qu’est-ce que veut dire
    Objets trouvés à Bérestie
    “La Volga”, ‘‘Le Dniepr”, ‘‘Le Niémen”? Ce n’est qu’au milieu du premier millénaire de notre ère qu’apparaissent les premiers hydronymes d’origine slave. Ainsi, les Sla­ves étaient arrivés. Mais qui donc les avait précédés? L’analyse des noms et l’archéologie font voir que la majeure partie des terres sur lesquelles plus tard devait se former la branche russe des Slaves, était habitée par les Ougro-finnois, assimilés par la suite aux Slaves. Par endroits, les Ougro-finnois for­ment des îlots parmi la population russe jusqu’à présent. Vraiment, même le nom de la Moscova, rivière sur les bords de laquelle a surgi la grande cité, selon une des expli­cations, signifie “l’eau noire” (à cause de l’ombre des arbres qui poussaient sur ses rives et des lacs et des marais, cachés dans la forêt où elle prend sa source).
    Jusqu’au milieu du premier millénaire de notre ère la Biélorussie était ethnologi­quement très homogène. Elle était habitée par les Baltes, tribus apparentées aux Li­tuaniens contemporains. Ils ont laissé les premiers hydronymes, mais ne sont pas par­tis et n’ont pas été chassés de leurs terres; ils se sont tout simplement mélangés avec les nouveaux venus. Les formes des crânes trou­vés dans les kourganes des XIe —XIIIe sièccles, érigés par les anciens Slaves, viennent le confirmer.