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  • La terre sous les ailes blanches  Уладзімір Караткевіч

    La terre sous les ailes blanches

    Уладзімір Караткевіч

    Выдавец: Юнацтва
    Памер: 207с.
    Мінск 1981
    99.95 МБ
    Le Polonais aime fleurir son langage du latin C’est en biélorusse qu’aime parler le Lituanien Sans le premier on n’est rien en Pologne, Sans l’autre en Lituanie on est borgne.
    Biélorusse, réjouis-toi franchement, Ta gloire te suivra dans le temps.
    22.VIII—1621.
    Et, bien sûr, l’apogée de la poésie bié­lorusse ancienne, est représentée par Siméon Polotski (Samuil Emélianovitch Piatrovski-Sitnianovitch, 1629—1680), poète, pub­liciste, dramaturge.
    Il a étudié (de 1640 à 1650) à l’Académie de Kiev; il a commencé à écrire des vers en biélorusse, “dans la langue qui était ha­bituelle à ma maison”, parfois il les écrivait en polonais; il a également pris part à la création de drames pour étudiants à Kiev. Quand il a été obligé de s’exiler à Moscou, il est devenu le fondateur de la poésie russe. Il y était connu pour son oeuvre civilisa­trice et ses activités pédagogiques. Il a élaboré les fondements de la versification rus­se et formé toute une école de poètes (K. Istomine, P. Bouslaev, S. Medviédiev). C’est lui qui a introduit à Moscou la notion même de “théâtre” et a écrit les premières pièces. En partant de ces débuts la dramaturgie se développe rapidement. D’abord, sous le règne du tsar Alexei, on montait des pièces de temps à autre, ensuite, sous Pierre I, apparaît le théâtre proprement dit. Siméon Polotski était un partisan convaincu du développement des sciences laïques et d’un rapprochement avec les forces progressives de l’Europe; c’est lui qui a préparé le ter­rain, sur lequel paraissent moins étonnantes, d’abord, les idées de V. Galitsine qu’il était impossible de vivre en se retranchant du reste du monde.
    “La Russie Occidentale,— comme l’écrit l’historien connu I. M. Golénichtchev-
    Vassil Tiapinski
    Koutouzov, — a été le point de concentra­tion... le relais de transmisson de la litté­rature occidentale pendant très longtemps; elle était également le laboratoire de la versification russe”.
    ...La littérature à cette époque était syncrétique, inséparable de tous les autres aspects de la vie sociale. Ceci concerne les oeuvres historiques, ainsi que les rapports des voïvodes voisins et des starostes, les chroniques et la littérature polémique. C’est ce qui explique que certains auteurs, qui considéraient de trop près les questions re­ligieuses, de la littérature et de la politi­que, ont connu la torture, et même ont été exécutés. Par exemple, Afanassi Phili-
    povitch (près de 1597—1648), polémiste, en­nemi des magnats et défenseur du peuple, a été fusillé par les hommes du voivode Massalski dans la forêt près du village de Guerchony, pendant la nuit du 5 septembre 1648. Il était accusé d’avoir “envoyé des écrits et de la poudre aux cosaques” de Khmelnitski.
    Siméon Polotski. Philosophe, civilisateur, père de l’école russe de poésie
    Tous ces litiges et toute cette haine ac­cumulée ne laissaient aucun doute: il fallait s’attendre à une explosion.
    LA GUERRE PAYSANNE
    ...C’était vrai, tout laissait présager l’explosion, l’insurrection de Khmelnitski. Avant son début même, les terres biélorus­ses ressentaient de fortes secousses. Les in­surrections se suivaient. Quand, après la bataille de Geolty Vody (6 mai 1648), non seulement les cosaques, mais les paysans et les citadins ukrainiens aussi, ont éprouvé le besoin de reprendre leur souffle, l’ex­plosion s’est immédiatement répandue en Biélorussie. La terre a commencé à flamber. Tout d’abord, au cours de l’été 1648, comme pour une reconnaissance, arrive la troupe de Galavatski à laquelle se rejoignent les volontaires de Starodoube. En quelques jours le détachement grossit de plusieurs fois, bat l’armée des hobereaux polonais près de Gomel et Braguine et se replie sur Sta­rodoube. Les cosaques comprennent alors: “venez”. Non seulement vous ne rencontre­rez aucune résistance de la part du peuple biélorusse, tout au contraire, jetez dans cette atmosphère de colère et de haine un seul détachement, et — aussi petit soit-il — des régiments entiers se lèveront.
    C’est alors que ça commence pour de bon. Deux mois près, les détachements de cosaques commencent à arriver. Niébaba, Mikhenko, Kryvochapka, Garkouch, Mikoulitski, Poddoubski et autres. Naturel­lement, aussi bien parmi les cosaques que parmi leurs chefs il y avait des Biélorusses qui, autrefois, avaient quitté leur pays, et maintenant, étaient prêts à donner leur vie pour le libérer.
    Au début de l’automne 1648 les neuf dixièmes du territoire de la Biélorussie s’étaient insurgés. Des détachements locaux, composés de paysans seulement, sont for­més. Par exemple, le détachement de Mou-
    rachko, dans la région de Minsk, où les pay­sans battent et dispersent les troupes com­mandées par Pats. Les hobereaux polonais s’enfermaient dans les châteaux-forts et les villes, s’enfuyaient en Pologne. Les villes de Pinsk, Braguine, Gomel et Loev ouvrent leurs portes aux insurgés. La guerre devient la guerre de peuple entier, parce que, tout à son début, les rangs des insurgés avaient été rejoints par les seigneurs féodaux ortho­doxes de la Biélorussie, par le clergé et les membres des conseils urbains. La Biélo­russie s’était libérée. Mais, pour le malheur de l’insurrection, il s’avère qu’elle n’avait pas de chef, qui aurait pu comprendre qu’il fallait pousser jusqu’au bout. Les hobereaux étrangers étaient chassés, et c’était bien. Mais la noblesse polonaise réussit à mettre sur pied une armée. Poussés jusqu’au comble du désespoir et de la colère par la perte du pouvoir et de leurs propriétés, par la pos­sibilité de perdre leurs têtes, par la peur et la haine qu’éveillait en eux ce peuple, les hobereaux étaient bien obligés, maintenant, de se battre comme ils ne l’avaient jamais fait auparavant. Ils étaient commandés par lehetman Janusz Radziwill, dont les historiens polonais disent “qu’il a sali toute la lignée des Radziwill”, en ajoutant en qualité d’argument vaguement conso­lant “Ale nie tylko jeden Janusz” (mais pas seulement Janusz tout seul). Les hobereaux préparent leurs armées. Ils engagent des détachements de Suédois, d’Allemands, de cavaliers hongrois, de fantassins suisses. C’est alors que commence une des plus lon­gues luttes, la dernière. Les troupes de Pats et de Gorski sont battues, mais les cosaques et les paysans doivent s’éloigner de la for­teresse de Sloutsk. Les artisans de Pinsk s’insurgent et exécutent toute la noblesse polonaise. Des troupes commandées par Mirski tentent d’écraser les insurgés; alors les citadins appellent à l’aide les paysans des villages voisins et le détachement de cosaques de Niébaba. Le Polonais Elski tente de s’emparer de la ville avec la seule force de
    sa troupe, mais les insurgés l’attirent dans un guet-apens, près des murs d’une église catholique, où tous ses hommes sont fusillés à bout portant et définitivement anéantis par une attaque-surprise sur les arrières. Ensuite, les habitants de la ville commencent à construire des barrages, des barricades. On leur promet la vie sauve si seulement ils livrent les cosaques. Ils répondent: “Nous préférons mourir que de les livrer”. L’assaut commence. Un assaut terrible par sa férocité implacable. D’abord, c’est les murs qui se défendent, ensuite les rues, puis chaque maison isolée. On met le feu à la ville. Niébaba réussit à en sortir, mais son détachement est arrêté par des marais im­praticables. Ses hommes se battent toute la journée et périssent jusqu’au dernier.
    Pendant ce temps-là, dans la ville de Pinsk la bataille continuait; on tuait avec une férocité encore jamais vue. 5 000 maisons ont été incendiées; plus de 3 000 personnes ont été tuées.
    Le gros de l’armée des hobereaux polo­nais avait été détruit encore avant, près de Rétchitsa et de Rogatchev; Garkoucha prend Bykhov d’assaut. Les régiments de Pats sont battus près de Igoumen. En janvier les habitants de Smolévitchi se battent contre deux régiments allemands commandés par Danavai; parmi les citadins il n’y a pas de survivants. Mais un peu plus tard les pay­sans révoltés et les cosaques anéantissent les deux régiments près de Minsk. 20 mercenaires avec Danavai et son fils réussissent seulement à se sauver. Pas plus.
    Toute l’armée commandée par Radziwill se dirigeait sur Tourov-Mozyr-Rétchitsa. It voulait avant tout étouffer la Biélorussie pour pouvoir ensuite attaquer, le long du Dniepr, les flancs et les arriéres de Khmelnitski. C’est Tourov qui tombe la première, après une résistance farouche (jusqu’à nos jours elle est restée un petit bourg sans im­portance, presqu’un village). Les habitants de Mozyr n’ont pas eu peur et ont décidé de se défendre jusqu’au bout: ils ont arrosé
    les remparts et les ont transformés en bloc de glace; derrière les enceintes ils ont encore dressé des barricades de glace. La ville a été longuement canonnée. Elle a commencé à brûler. C’est alors que les mercenaires se jettent à l’assaut de tous les côtés. Le petit détachement de Mikhnenko et les citadins ont fait preuve d’une bravoure inébranlable, et ont réussi à repousser plusieurs assauts. Mais les forces étaient inégales. Les mercenaires et les hobereaux s’engouffrent dans les rues de Mozyr. Mikhnenko, blessé, est jeté du plus haut des murs, sur des pierres couvertes de glace. Ensuite on y précipite ceux qui ont inventé “la forteresse de glace”, les chefs locaux. Tous les autres ont été massac­rés à coups de sabres.
    La troupe de Valovitch a été battue par le détachement de cosaques et de paysans commandé par Poddoubski, près de Bobrouisk. Radziwill demande de l’aide au roi et reçoit 10 000 hommes de plus, cavaliers et fantassins, avec lesquels il court au se­cours de Valovitch. La trahison peut passer par-dessus les murs les plus hauts. Les riches bourgeois de la ville ouvrent les portes. Tous les défenseurs de la ville sont morts au com­bat. Poddoubski a été empalé.
    Dans le pays s’instaure un certain ré­pit, utilisé par les hobereaux pour des rè­glements de comptes. Mais, quand en 1649 arrivent Illia Galota avec ses cosaques (il a 10 000 hommes au début et 30 000 deux semaines plus tard) il buta l’armée de Ra­dziwill et l’insurrection reprend de plus bel­le. Peu après arrive le détachement de Stépan Padbaïlo. Ensuite de l’Ukraine court au renfort une armée de 15 000 hommescosaques et paysans évadés — commandée par le Biélorusse Michel Kritchevski, meil­leur ami de Khmelnitski et son chef militaire le plus doué en même temps, colonel des régiments de Péréïaslavl et de Kiev. Une lon­gue bataille, de plusieurs jours, commence alors. D’abord, on s’est battu en rase cam­pagne. Ensuite, dans les forêts, derrière des barrages d’arbres coupés. Un hasard