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  • La terre sous les ailes blanches  Уладзімір Караткевіч

    La terre sous les ailes blanches

    Уладзімір Караткевіч

    Выдавец: Юнацтва
    Памер: 207с.
    Мінск 1981
    99.95 МБ
    Le poète crée un grand nombre de vers merveilleux sur le thème de la vie des Bié­lorusses et plus tard, deux poèmes épiques: „Terre nouvelle”, où la vie du paysan, son aspiration au travail de la terre, la répar­tition saisonnière des travaux champêtres, la nature biélorusse, les hommes, l’amour de la liberté sont incarnés avec une profondeur
    inouïe; „Simon-musicien”, poème poétique dans lequel Yakoub Kolass traite le sujet du destin des talents issus du peuple dans un pays où les humbles chaumières et les auberges enfumées, les croix aux carrefours des routes et les kourganes voisinent avec des châteaux-forts lugubres, au fond des­quels se tapissent dans l’opulence, comme des vampires, des hobereaux cruels. Dans la „Terre nouvelle” nous sommes en présence de la vie réelle pure, telle qu’elle est, tandis que dans „Simon-musicien” la réalité est cachée derrière l’apanage d’une légende merveilleuse et délicieuse.
    Le poète milite non seulement dans la poésie. En qualité d’instituteur il participe aux manifestations des paysans contre l’hobereau Skirmount, il organise un congrès clandestin des instituteurs, rédige un manuel de langue maternelle „Deuxièmes lectures” pour les enfants biélorusses; pour toutes ses activités il est incarcéré dans la forteresseprison de Minsk. Mais du fond de sa cellule paraissent les vers suivants:
    Je suis un paysan, mais j’ai de la fierté:
    Je courbe l’échine, mais pas pour toujours;
    Je ne peux rien dire, je dois tout supporter Mais j’attends l’heure, l’heure de crier: “Aux armes, mes amis, c’est notre jour!”
    Toute cette période de sa vie, les émo­tions, la vie dans la province biélorusse, la prison, la naissance de l’intelligentzia, l’écrivain les a relatées plus tard dans sa remarquable trilogie ,,A la croisée des chemins”.
    Il fallait des poètes, et les poètes sont venus.
    Un des fondateurs de la prose biélorusse, auteur de merveilleuses allégories et sage satirique, c’est l’humaniste Ch. Yadviguine (1868—1924), dont certains récits ornent jusqu’à présent les sommets de l’hu­mour biélorusse. Zmitrok Biadoulia (1886— 1941) est un auteur lyrique, ses nouvelles sont consacrées au sujet de la vie quotidienne du peuple. Tichka Gartny (1887—1937),
    écrivain et personnalité publique, est le fondateur de la poésie ouvrière (il a été Président du Gouvernement Révolutionnaire Provisoire des ouvriers et des paysans de la Biélorussie). Maxime Garetski (1893—1939), écrivain-philosophe extrêmement original. Et combien d’autres encore?
    Et, enfin, Maxime Bogdanovitch (1891— 1917), poète marqué du génie — nous n’avons pas peur de le dire — qui représente un phé­nomène particulier par la diversité de ses vers et de leur forme.
    Bogdanovitch est mort de la tuberculose à 25 ans, à Yalta, où se trouve sa tombe; mais il a quand même eu assez de temps pour laisser l’épure d’une poésie la plus sublime et la plus virile dans notre littérature. Mieux encore, il a élevé notre littérature au niveau mondial. Ses vers, malgré leur marque na­tionale nettement percevable, sont inté­ressants pour tous les gens du monde.
    Les réunions de Vilna. Au premier plan: M. Tchourlionis et Tiotka; au deu­xième: S. Chymkous, Ludas Guira, Yanka Koupala Valérie Broussov, Vladislave Stankevitch, Zmitrok Biadoula, Yadviguine Ch. (Antone Liavitski)
    L’originalité de sa poésie est un phéno­mène extrêmement rare. Elle est dans la lumière fluorescente des contes peuplés de personnages fantastiques; elle est dans la douleur réelle causée par les malheurs du peuple, dans la forme classique des vers, dans les thèmes antiques.
    Mais trêve de paroles. Prenez un petit volume de sa poésie lyrique et essayez de lire quelques lignes, pour le début, les plus faciles. Parce qu’il est impossible de s’exp­rimer mieux que ne l’a fait un génie. Et vous l’aimerez du plus grand amour possible.
    Des plaisirs merveilleux vous attendent sur votre chemin!
    “LA BIELORUSSIE S’INSTALLE
    DANS SA PROPRE DEMEURE...”
    LA GUERRE ET LA
    RÉVOLUTION
    La première guerre mondiale apporte à la Biélorussie de nouvelles difficultés. Souf­frances inouies du peuple, villages incendiés, famine, réfugiés, récoltes piétinées, vergers abattus, chefs d’oeuvre merveilleux de l’architecture démolis pour renforcer les tranchées. Les traces sont visibles jusqu’à nos jours: rouleaux de barbelés rouillés dans le fond des lacs, la ,,pierre des philorets” bri­sée en deux, restes de tranchées et de for­tifications bétonnées sur les bords de la Chtchara et de la Servetcha. Les souffrances du peuple sont incommensurables.
    ...Le pays n’est pas prêt pour la guerre, le vol est chose courante, confusion partout, trahison directe, famine dans les arrières, destructions,— y a-t-il de quoi s’étonner que le pays connaisse d’abord une crise révolu­tionnaire qui se traduit ensuite par les ex­plosions de février et d’octobre? En Bié­lorussie ça se passe comme dans tout le reste du pays: renouvellement des organisations bolchéviks, Soviets, détachements d’ouvriers, création des syndicats, châteaux des hobe­reaux dévastés, etc... En une vingtaine de jours dans toute la Biélorussie Orientale le pouvoir a été pris par les Soviets bolché­viks. Le Quartier Général de Moguilev est dispersé. Le commandant suprême, Doukhonine, est fusillé par les soldats.
    La nouvelle république naît dans une lutte sans merci contre les unités de DovbarMousnitski et la contre-révolution. Décret de la terre, décret de la paix, loi instaurant le contrôle des ouvriers: le pouvoir passait dans les mains de ceux qui travaillent.
    Alors, c’est la guerre civile qui commence.
    L’attaque de l’Allemagne, pillages sauvages, ensuite, l’armée blanche des Polonais, l’in­surrection de Strakhopytov à Gomel. Bref, on est comblé. Seulement, un peuple qui a goûté à la liberté est difficile à remettre sous le joug.
    Voici une histoire qui me semble très intéressante. Elle a été enregistrée par Yanka Bryl et illustre très bien comment en 1918 les Allemands forçaient les paysans à sig­ner des pétitions dans lesquelles ils devaient demander d’être placés sous l’autorité de l’Allemagne.
    „...Ils nous disent: ,,On prendra tout votre bétail...” Alors Ivan Rygorov leur dit, à eux: „Même si vous preniez nos enfants, nous ne signerons pas”.
    La lutte clandestine et la guerre des par­tisans prennent une ampleur jamais vue: on fait sauter les ponts, les fortifications, les châteaux d’eau. Sous les coups de l’armée et des partisans, avec sa propre révolution dans ses arrières, la machine militaire al­lemande commence à se détraquer. Les Alle­mands s’en vont.
    Après la libération, le premier janvier 1919, le Gouvernement Provisoire Révolu­tionnaire des ouvriers et des paysans de la Biélorussie publie le Manifeste qui proclame la formation de la République Socialiste Soviétique de Biélorussie. La république était créée. Après des siècles d’attente la Biélorussie devient un Etat souverain, en qualité d’Etat des ouvriers, des paysans et de l’intelligentzia laborieuse.
    V. I. Lénine accorde une attention énorme à la formation de la république. Sur place, le travail était dirigé par Z. Jylounovitch (Tichka Gartny), A. Tcherviakov et d’autres. Y. Sverdlov, Président du Comité Executif
    Central de l’Union Soviétique, prend la parole au I Congrès des Soviets de la Bié­lorussie (2—3 février 1919).
    Mais, conformément aux conditions du Traité de Paix de Riga (1922), la partie oc­cidentale de la Biélorussie reste sous la domination de la Pologne bourgeoise.
    Le Gouvernement Soviétique a immédia­tement donné de la terre à 30 000 paysans sans terre et à 9 000 ouvriers agricoles. Le pays dévasté et pillé reçoit un crédit de 1 milliard de roubles. Petit à petit et avec des difficultés inouïes on remet en marche, en 1921, les fonderies “Energuia” à Minsk, 4 verreries, l’usine d’allumettes à Borissov. La construction d’écoles, de bibliothèques, de maisons de lecture bat son plein. En oc­tobre 1921 l’Université biélorusse est inau­gurée, tandis qu’un an après le nombre d’é­
    coles atteint 1 000 (c’est seulement sur la partie du territoire qui forme alors la R.S.S. de Biélorussie: 6 arrondissements de la région de Minsk). En 1926 l’industrie est complètement restaurée, tandis que pendant ses premières années de l’industrialisation socialiste une usine de machines agricoles est construite à Comel; des usines de machi­nes-outils, des combinats pour l’usinage du bois sont mis en marche, ainsi que l’entre­prise pour l’exploitation des gisements de tourbe “Assintorf”, à la base de laquelle on commence à construire une des usines élec­triques les plus puissantes, BielGRES. Mainteant le rythme du travail de ces années passées nous fait un peu sourire, comme,
    B. Manaszon.
    “Première journée de la Biélorussie Soviétique’’
    d’ailleurs le comportement des gens qui, à l’époque, sortaient en foule dans la rue pour voir passer un tracteur à chenilles “Kommounar” qui faisait un bruit insupportable, ou comme la carte électrifiée sur la place d’Orcha sur laquelle presque tout “le territoire” était plongé dans les ténèbres tandis que seule la maquette de l’usine électique BielGRES occupait la moitié de la superficie de la carte. Mais tout dépend des comparai­sons. Notre technique d’aujourd’hui fera sans doute aussi sourire vers l’année 2 100. Mais maintenant ... moi, qui suis encore un homme pas trop âgé, qui viens de passer seulement le seuil de l’âge moyen, alors, moi, je me souviens des cochers et des fiacres et
    B. Tarachkevitch et son fils Radoslav qui devint plus tard éclaireur des partisans et trouva la mort pendant la Grande Guerre nationale
    j’ai vu, la nuit, les fers des chevaux des fiacres faire des étincelles sur les pavés des rues.
    TERRE DÉCHIRÉE
    La partie occidentale de la Biélorussie est restée essentiellement rurale, agricole. L’exploitation des forêts y était draconienne, les ressources du sous-sol n’étaient pas uti­lisées. Tous les jours, toutes les heures le peuple devait lutter pour son existence. Les Biélorusses se sentaient égaux au peuple frère polonais, mais, à l’école, de jour en jour, les enfants entendaient, tels des coups de mar­teau réguliers qui enfoncent un clou, les paroles de ceux qui représentaient le pouvoir enfoncer dans leur tête toujours les mêmes idées: