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  • La terre sous les ailes blanches  Уладзімір Караткевіч

    La terre sous les ailes blanches

    Уладзімір Караткевіч

    Выдавец: Юнацтва
    Памер: 207с.
    Мінск 1981
    99.95 МБ
    Qui es-tu? Un petit Polonais.
    Quel est ton emblème? L’aigle blanc.
    Où vis-tu? Parmi les miens.
    Dans quel pays? Sur la terre polonaise.
    Pour les petits Polonais ces paroles pou­vaient éveiller un sentiment de fierté, mais pour les petits Biélorusses qui, en plus, vi­vaient sur les terres biélorusses, c’était plutôt une humiliation de chaque jour. Dans un cas pareil, même si c’est ton frère qui te répète tout le temps la même chose, ça te donne l’envie de l’assommer.
    C’est ce qu’on faisait. On fait la guerre des partisans, on organise des sabotages dans les propriétés des hobereaux (ils possédaient la moitié des terres en ne représentant que 0,9% de la population). Cette lutte était di­rigée par le Parti Communiste de la Biélo­russie Occidentale (PCBO), organisé en 1923, et par le komsomol (jeunesses communistes léninistes) de la Biélorussie Occidentale, organisé en 1924. La guerre des partisans dure de 1921 à 1925, les propriétés brûlent, les hommes tombent sous les balles des patrou­illes de la police. La loi martiale est instau-
    rée dans presque tout le pays. Les hobereaux introduisent l’armée sur le territoire. Le PCBO décide alors d’arrêter la lutte armée afin d’éviter de faire des victimes parmi la po­pulation, d’une part, et de sauvegarder les cadres nécessaires pour d’autres méthodes de lutte, quand viendra l’heure décisive de l’union avec l’U.R.S.S.
    En 1925 est organisée la Société Biélo­russe des ouvriers et des paysans. Cette or­ganisation de masse exige l’indépendance du pays, l’union de toutes les terres biélorusses en un seul état, l’enseignement à l’école en langue maternelle, la mise en place d’un gou­vernement des travailleurs, l’octroi des terres aux paysans. La Société était dirigée par l’ambassadeur biélorusse à la diète Bronislav Tarachkévitch (1892—1937), ora-
    Départ pour le front des Polonais blancs
    teuret publiciste, homme d’Etat remarquable et poète, auteur de la première grammaire systématique biélorusse.
    Au début de 1927 la Société Biélorusse compte plus de 100 000 membres, elle est presque l’organisation la plus influente parmi les artisans, les paysans et les ouvriers.
    Au mois de janvier 1927 l’armée et la police s’attaquent à toutes les organisations de la Société. Des milliers de personnes sont arrêtées et jetées en prison. Les clubs et les bibliothèques sont saccagés. Les membres les plus actifs sont roués de coups...
    On ne veut plus supporter. Maintenant c’est même impossible. Des manifestations de protestation ont lieu. Le 3 février 1927
    dans la ville de Kossovo le pouvoir ordonne d’ouvrir le feu sur une manifestation qui se déroule avec les mots d’ordre “Rendeznous notre langue!”, “Bas les pattes de l’U.R.S.S.!”, “A bas le gouvernement de Pilsudski!Il y a cinq morts et trente bles­sés. La police et l’armée commencent à incendier les maisons, à s’attaquer aux villages. La terreur s’établit sur tout le pays.
    TANDIS QUE
    SUR LES TERRES
    DE LA BIÉLORUSSIE LIBRE...
    ...A côté de ce qui se passe en Biélorussie Occidentale les succès de la culture en Bié­lorussie Soviétique sont particulièrement significatifs. En 1928 l’Institut de la Culture Biélorusse devient l’Académie des Sciences de la R.S.S.B. Son inauguration solennelle a lieu le 1 janvier 1929. En 1920 à Minsk est créé le Premier Théâtre Dramatique Bié­lorusse d’Etat (à partir de 1945 — Théâtre d’Etat Biélorusse Yanka Koupala), c’est vraiment le premier avec une scène perma­nente, une troupe permanente et ses metteurs en scène permanents. Le théâtre est animé par I. Mirovitch, dramaturge de talent, met­teur en scène et acteur. Des acteurs tels que V. Krylowitch, B. Platonov, G. Glébov forment le noyau de la troupe. On monte des pièces classiques biélorusses, mais aussi des pièces nouvelles, telles que “La soirée d’été” de M. Tcharot, “Le forgeron-général”, “Machéka”, “Kastouss Kalinovski” et “La carrière du camarade Bryzgaline” de Y. Mi­rovitch; plus tard, ,,La Patrie” de KTchorny, “La mort du loup” de E. Samouïlionok, “Les partisans” et “Celui qui rit le dernier” de K. Krapiva. On met en scène des pièces de Gorki et de Calderon, de Molière et de Shaw. C’est vraiment un théâtre profond, d’un immense talent. Parfois c’est une pro­fonde tragédie, parfois une sublime comédie, parfois un spectacle hallucinant. Beaucoup
    d’années plus tard il est resté aussi un des meilleurs théâtres de l’U.R.S.S.
    ...En Biélorussie les théâtres ambulants avaient une très vieille tradition. D’abord, à partir du XVIIe siècle c’étaient des troupes sans nom, ensuite des troupes dirigées par des enthousiastes tels que Bouïnitski. Après la révolution, immédiatement après, le Premier théâtre est créé, un théâtre ambulant dirigé par V. Goloubok, auteur de près de 50 pièces. A Vitebsk est inauguré le Grand Théâtre Dramatique II (aujourd’hui le théâ­tre Y. Kolass). Des théâtres et des théâtres de la jeunesse ouvrière apparaissent dans toutes les villes plus ou moins importantes.
    C’est également la naissance de la ci­nématographie biélorusse, avec deux grands noms: Y. Taritch et V. Gardine.
    Apparaissent les opéras (notre théâtre d’opera et de ballet a été créé en 1933), les symphonies, la musique de chambre. A l’ori­gine de l’art musical se trouvent M. Aladov, M. Tchourkine (l’opéra “Le travail libéré”, la symphoniette “Paysages biélorusses”, de nombreuses romances), E. Tikotski (l’opéra “Mikhass Padgorny”) et d’autres. En 1932 le Conservatoire Biélorusse est créé.
    Un peu plus tard paraissent l’opéra de A. Bogatyrev “Dans les forêts de la Polésie”, sur le thème des activités des partisans pen­dant la guerre civile, et le ballet de M. Krochner “Le Rossignol” d’après la célèbre nouvelle de Z. Biadoulia sur le thème d’une insurrection des paysans-serfs contre les hobereaux et du chef des insurgés Simon qui avait la faculté d’imiter tous les sons du monde; il chantait comme un rossignol, hur­lait comme un loup de façon que les chevaux des hobereaux se jetaient en arrière; bref, il pouvait imiter les voix de tous les gens, les chants de tous les oiseaux et les sons de tous les animaux de la terre.
    Il y a beaucoup de nouveau dans l’archi­tecture.
    Les villes s’embellissent d’édifices nou­veaux, on construit beaucoup de maisons d’habitation. La Maison du Gouvernement,
    l’Académie des Sciences, le Théâtre d’opéra et de ballet (architectes I. Langbard, A. Voïnov, V. Varaksine et autres) sont érigés au cours de ces années.
    Les sculpteurs et les peintres font preuve d’une grande activité créatrice. Le “Port­rait de M. Bogdanovitch”, le “Travail”, “Le joueur de lyre” de A. Groubé, les pay­sages de V. Doutchytz et V. Koudrévitch, les portraits de M. Staniuta, les tableaux de Y. Pêne forment le fonds d’or national. Com­me, bien sûr, les oeuvres merveilleuses de Mikhass Philipovitch: ,,Fête d’été”, “Joueur de flûte”, “Garçon du village” et ses dé­corations pour l’opéra “La fleur du bonheur” du célèbre compositeur biélorusse A. Tourenkov. Et Y. Krassovski? Et la graphie de A. Tytchyna?
    On observe une entrée en masse dans la littérature. Avant il n’y avait que des isolés, maintenant seule l’organisation “Maladniak” (jeunesse) compte près de 500 membres. Naturellement, ils ne sont pas tous restés dans la littérature. Certains sont devenus propagandistes ou amateurs de littérature. Mais beaucoup d’écrivains de ces temps et des temps contemporains ont commencé à la “Jeunesse”. Il y avait également le “Som­met” et la “Flamme”.
    De nombreux poètes publient leurs oeuvres. Mikhass Tcharot, par exemple, (1896—1938), auteur du poème “Pieds nus sur le feu”, poète romantique de la révo­lution. Kandrat Krapiva (1896) écrit ses fables, ses récits pleins d’humour et ses pièces. Kouzma Tchorny (1900—1944) fait preuve d’une grande fécondité; grand maître de la langue biélorusse, écrivain classique, il est en même temps un homme d’une extrê­me grandeur d’âme. Ses livres (“La troi­sième génération”, “La Patrie” et d’aut­res) influenceront encore longtemps la pro­se d’avant-garde biélorusse. Il y a également M. Goretzki (1893—1939) qui publie “Les Communards de Vilna” et l’auteur des “Sen­tiers et routes” M. Zaretzki (1901—1941).
    Un poète d’un très grand talent — Pav-
    liuk Trouss (1904—1929) meurt malheu­reusement trop tôt; il chante son pays qui doit devenir “la contrée des fabriques et des machines”; c’est un poète lyrique... C’est en même temps que se révèlent à la poésie le compliqué V. Doubovka, le tragédienphilosophe V. Jylka, Piatrouss Brovka, Piatro Glebka, M. Loujanine, poète penseur d’une très haute culture. Un peu plus tard arrivent les très jeunes encore, mais cou­rageux vers de P. Pantchenka et Arkadzi Kouléchov.
    Les grands maîtres continuent leur tra­vail. Koupala écrit de nombreux vers et le poème “Sur les bords de l’Oressa” (1933), poème consacré aux soldats de l’Armée Rouge démobilisés qui avaient pris d’assaut le Pérékope et la Tchangar et qui maintenant, comme des dieux, transformaient les marais en terre fertile.
    C’est justement durant ces années que Y. Kolass termine ses “Terre nouvelle” et “Simon-musicien”. Il publie également des oeuvres en prose “Le marais”, “Le rénégat”, “La vie ouverte”.
    Enfin, c’est justement à cette époque que se forme la littérature pour les enfants. Elle existait quelque peu avec la révolution, mais maintenant les enfants et les adoles­cents sont comblés. D’abord dans les re­vues pour enfants “Zorka”, “Le pionnier biélorusse”, “Iskry Ilitcha”, ensuite en volumes spéciaux sont publiés les vers et les contes de Koupala, Kolass, Biadoulia, les nouvelles de Mikhass Lynkov “La vie de Mikolka” et “Les aventures du brave soldat Michka et de ses camarades” (aven­tures extraordinaires de trois amis pendant la guerre: un chien, un ours et un bouc). Les romans d’aventure de Yanka Mavr, à la même époque, deviennent exclusivement populaires: “L’enfant des eaux” (vie des habitants de la Terre de Feu, “Un homme qui marche” (vie des premiers hommes sur la terre), “Dans le pays de l’oiseau du paradis” (roman extrêmement intéressant sur le thè­me d’une insurrection des habitants de la