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  • La terre sous les ailes blanches  Уладзімір Караткевіч

    La terre sous les ailes blanches

    Уладзімір Караткевіч

    Выдавец: Юнацтва
    Памер: 207с.
    Мінск 1981
    99.95 МБ
    Site pittoresque. Région de Logoïsk Région de Braslav
    au musée ou en nature, peu importe; parfois, pendant une minute de tristesse, l’envie vous prend d’embellir votre chambre de l’unique et incomparable rouchnik ou d’un couvre-lit de bure, tissé sur un vieux métier.
    Dans une de ses poésies intitulée “Jaleïka” (la flûte) une poétesse transmet le dialogue d’un vieillard avec son petit-fils.
    “Je n’ai aucune instruction, pauvre hère que j’étais;
    et lorsque cela me remplissait de chagrin, je prenais ma flûte et je sortais en cachette pour gagner les champs, derrière les granges situés. Les blés, les herbes et les bois
    écoutaient la plainte de mon sort, de mon cruel et mortel destin.
    Ma flûte n’a jamais joué pour les hobereaux. Jamais elle ne serait arrivée à toucher un coeur étranger.
    A quoi répond le petit-fils:
    “Je ne regrette rien du passé. — dit-il, je suis content d’être à l’école...
    Il n’y a qu’une chose, grand-père...
    que j’aurais voulu écouter — dans les champs la flûte pleurer”.
    * * *
    Bon, avec la maison s’en est fini. Pas­sons à la cour. La cour attenante à la maison est bien propre, entourée d’arbres, souvent ce sont des cerisiers, des pruniers, des sor­biers. Parfois on a là, tout près de l’enclos, un ou deux bouleaux ou des tilleuls qui s’élancent dans le ciel. La cour elle-même est couverte d’herbe, de mille marguerittes qui répandent au printemps un doux parfum à peine saisissable, des têtes dorées des pis­senlits, pareilles à des pièces d’or qu’on aurait jetées là. Et c’est toujours dans la cour qu’on trouve la cave. Il y en a une autre sous le plancher de la maison ou de l’entrée, dans laquelle on garde une partie de provisions
    Le Niémen
    Viasynka. Pays natal de Yanka Koupala
    qu’on veut toujours avoir sous la main, pour ne pas courir dans la cour à chaque instant. Dans la cave on trouve des pommes de terre, des légumes, des tonneaux de concombres salés, de pommes trempées, un seillon avec des champignons, un autre avec des canneberges écrasées avec du sucre. Et si le propriétaire est un pêcheur, on y verra alors un baquet de poissons salés.
    Ensuite on a l’arrière-cour pour le bétail. Elle est bordée par l’étable, la porcherie, le poulailler. On y trouve aussi le bûcher ou tout simplement une espèce de préau où l’on garde à couvert le bois, autrefois on y gar­dait les charrettes, les traîneaux, les char­rues. Aujourd’hui on n’y range que la char­rue à butter les pommes de terre. Le kolkhoze met un cheval à la disposition des gens pour le buttage.
    La cour se termine par une vaste grange. Le bon propriétaire possède aussi un fumoir.
    Autrefois chaque arrière-cour possé­dait une aire, parfois deux, avec un sé­choir, un grand espace plat et lisse, formé de terre glaise battue. C’est là qu’on battait le blé qui allait tout de suite dans la grange. L’aire était comme le symbole du travail annuel du paysan. Je me souviens d’une des plus tristes mais pleine d’optimisme anecdote biélorusse.
    Une aire pleine de bottes de blé avait pris feu. Le travail d’une année entière venait d’être anéanti. Le propriétaire se lamente devant l’amas de cendres: “Te voilà incendié, mon Yaoukhim! Bien incendié!! Drôlement bien incendié!!! — et il ajoute — Mais il y aura moins de souris, elles y sont toutes passées!!!”
    Vous pensez, les souris ont été brûlées!..
    Voilà encore un trait de caractère, propre aux Biélorusses, un optimisme plein d’hu­mour et de courage à la fois. Le soutien est purement moral, mais il permet de sortir d’une situation qui paraissait désespérée, sans issue.
    Les entreprises agricoles collectives ont dispensé les villageois d’avoir des aires
    auprès de chaque maison. Mais on en ren­contre encore par-ci par-là qui finissent leurs jours dans les arrières-cours.
    ...Alors que le nombre de bains à la campagne a considérablement augmenté. Autrefois aussi il y en avait beaucoup, mais aujourd’hui, là où il n’y a pas de bains com­muns, on a alors son bain privé presque dans chaque cour, ou bien, si on vit en bon voisinage, on en construit un pour quatre ou cinq foyers.
    La vapeur qu’on obtient en jetant de l’eau sur des pierres chauffées à blanc est parfumée car on ajoute à l’eau de la sè­ve de bouleau, du kvass ou une infusion de menthe ou d’autres herbes aromatiques.
    On aime prendre des bains de vapeur à n’en plus pouvoir, après quoi on court se jeter dans la rivière, ou on se roule dans la neige.
    Derrière la cour il y a le jardin et le verger. Le nombre de vergers s’est accru ces dernières dix années. A part les vergers qui se ressemblent un peu partout il y en a de par­ticuliers pour chaque région. Comme pomme on a avant tout, l’antonovka, la grosse pom­me jaune d’or. Il suffit en automne, en pas­sant par le verger d’en cueillir une oubliée sur l’arbre, de mordre à pleines dents dans la chair rafraîchie par la rosée du matin, qu’on a l'a sensation d’avoir jeté dix ans de ses épaules. Puis on a des poires remar­quables comme les “béra” de la région de Sloutsk, il y en a encore d’autres, les unes plus savoureuses que les autres. Viennent enfin les cerises parfumées de la région de Lochytsa, des cerises qui mûrissent au mois de juin.
    Au-dessus du jardin et du verger il y a le soleil. Dans le jardin poussent en vrilles les petits pois, partout ça sent le fenouil et le chanvre, les pavots ressemblent à des papillons rouges auquels viennent se mêler les abeilles. Là on peut voir aussi les im­menses feuilles de rubarbe se dressant sur leur tige rouge-verte. Ici on l’appelle “l’oran­ge biélorusse”. La nuit, si vous êtes cou­
    chés sur une couverture sous un arbre, de temps en temps vous entendez un bruit sourd accompagné du roulement continu des antonovkas tombant sur le toit.
    A la sortie du village on a le moulin à eau qui soupire en tournant sa grosse roue aux palettes couvertes d’algues vertes. Dans le miroir calme de l’étang se reflète le dis­que doré du soleil couchant et l'ombre des pins sur la rive opposée. De temps en temps les hirondelles viennent frôler l’eau de leurs ailes, le poisson frétille à fleur de l’eau. Le soir le moulin paraît mystérieux et vous angoisse. C’est pourquoi autrefois les meuniers passaient pour des sorciers. Les moulins à vent sont assez rares sauf dans les régions de Sloutsk et de Kletsk. J’ai eu la chance d’y voir un moulin âgé de cent-cinquante ans, un moulin qui n’avait pas une seule pièce métallique dans son mécanisme. Que du bois! Il est évident que ce n’est pas à lui que revient la première place dans la noble fabrication du pain. Peut-il rivaliser avec les silos à grains, les moulins à vapeurs, les minoteries?
    AUTOUR DU VILLAGE,
    DES OCEANS D’EPIS
    Des champs s’étendent autour du village, très variés aussi. Au Nord, c’est la région de Miadzel avec ses lacs et ses vallons. C’est justement là qu’est née la devinette: “Le champ est plein de petits pâtés, le champ est tout troué, le champ est bien ceinturé. Qu’est -ce que c’est?” Et vous pouvez vous casser la tête pour savoir ce que c’est, la réponse est bien inattendue: “c’est un champ”. Les ceintures sont les lisières, les petits pâtés, les pierres; et il reste les trous des chaumes. Les champs ne sont pas très grands. Les gros blocs de pierre sont tirés dans les lisières par des tracteurs ou poussés par des bulldo­zers, c’est pourquoi on peut y voir des rem­parts de pierres, de vraies forteresses. Aut­refois, aujourd’hui de temps en temps, on
    construisait des écuries, des fenils, des gran­ges avec des quartiers de rochers fendus au sel de Berthollet.
    Des pierres, ici, il y en a assez.
    Les pierres sont souvent ramassées et chaque fois il paraît ne plus y en avoir. Mais après les labours, il en émerge de nouvelles de la terre, luisantes, bien lavées par les pluies.
    Les champs ressemblent à des palettes de peintre: là domine le violet de la luzerne, ici l’orge remue sa moustache dorée, les petits pois tendent des collets frais et suc­culents qui s’accrochent aux pieds. Il y a peu de lupin, alors que les vagues bleues du lin se répandent jusqu’à l’horizon.
    Passons à la zone médiane. Là, le relief est varié, les champs le sont aussi. Dans la région de Novogroudok, où prédominent des collines assez élevées, les champs sont plus petits que ceux de la région de Sloutsk, im­menses, spacieux. Dans le Sud-Est on cultive les légumes: choux, oignons, radis, carrottes, tomates, concombres, ail, salade. On y rencontre d’immenses combinats de serres qui donnent une production exportée dans d’autres villes hors de la république.
    Le Sud. Ce sont les champs plats de la Polésie qui prédominent, soit traditionnels, soit nés de l’assèchement. A l’horizon se dessine la silhouette dentelée de la forêt. Ça et là au milieu des champs, on rencontre des arbres, sous lesquels on voit deux, trois, parfois cinq ruches. Ici on les appelle “Svepète”. Il n’y a pas de pierres dans ces ré­gions. Pas une seule, pas même pour chasser un corbeau.
    Les céréales et les cultures fourragères occupent à peu près des surfaces identiques. On peut y ajouter le lupin fourrager, la betterave à sucre et le chanvre. N’oublions pas le tabac. Il va sans dire qu’il y a des raffineries de sucre et des fabriques de tabac.
    Jusqu’ici nous avons parlé de cultures importantes, mais pas des plus capitales. Voilà donc l’essentiel.
    La pomme de terre. On la rencontre par­
    tout, elle est universelle, en 1979 sa super­ficie était de 12,7 pour cent de toute la surface cultivable. On a donc un peu partout des fabriques d’alcool et d’amidon.
    Les 15,1 pour cent de la surface ensemencée par les céréales reviennent au seigle d’hiver. Quant au blé, il n’est pas à comparer avec les immenses surfaces du Kazakhstan, de la Sibérie, du Kouban ou de l’Ukraine, sa superficie est réduite à 2,6% malgré sa pré­sence un peu partout dans la république.
    De l’orge, j’ai déjà parlé de cette culture fourragère. En 1979 sa superficie était 20,7 pour cent de la curface ensemensée. Mais le Biélorusse aime aussi la soupe aux cham­pignons et aux grumeaux d’orge, il aime la bière aussi.