Nouvelles d'auteurs biélorusses

Nouvelles d'auteurs biélorusses


Выдавец: Мастацкая літаратура
Памер: 405с.
Мінск 1977
76.4 МБ
NOUVELLES D'AUTEURS BIÉLORUSSES
Editions „Mastatskaïa Litaratoura*
©3®
MINSK
1977
NOUVELLES D'AUTEURS BIÉLORUSSES
Traduit du biélorusse
Nouvelles recueillies par BARYSSSATCHANKA
TEXTES FRANÇAIS rédigés par
M. ZAKHARKEVITCH
© Traduction en Français. Préface. Editions „Mastatskaïa Litaratura", 1977.
LES CHRONIQUES, DE LA VIE DU PEUPLE BIÉLORUSSE
La Biélorussie est située entre le Bug, le Niémen et le Dnieper, entre la Dvina Occidentale et la Prypiat. C’est un pays de forêts, de marécages, de vastes plaines, de lacs, de larges rivières calmes, peuplé de­puis longtemps par des tribus slaves de l’Est. Les Biélorusses sont les frères consanguins des Russes et des Ukrainiens, ils sont liés avec eux par leurs origi­nes communes, par leur sort historique commun, par la langue et la culture qui sont très proches.
Les origines de la littérature biélorusse remontent à des temps les plus reculés. Le document littéraire «Le Dit de la troupe d’Igor», appartenant aux Russes, aux Ukrainiens et aux Biélorusses à la fois, apparaît au XIIe siècle. Au Moyen Age, les traditions littéraires en Biélorussie étaient très fortes, la littérature laïque commence à se développer parallèlement à la littéra­ture religieuse. Il y a plus de 450 ans, Francisque Skoryna, premier imprimeur biélorusse, civilisateur et humaniste fait paraître la Bible.
La naissance de la nouvelle littérature biélorusse se rapporte au début du XIXe siècle. L’apparition des lettres biélorusses coïncide avec une grande date his­torique celle de la réunification de la Biélorussie et de la Russie.
Le peuple biélorusse au passé historique martyr, détaché durant des siècles de son grand frère de l’Est, rentre dans le sein de la terre natale.
Le peuple biélorusse garde sa langue maternelle, et c’est en cette langue que seront créés les trésors inap-
préciables et inépuisables de son folklore unique eu son genre, reflétant l’esprit et la sagesse de son peuple. La prose épique biélorusse est parmi les plus riches dans la littérature slave.
Au XIXe siècle, de grands écrivains de profession, comme V. Dounine-Martsynkiévitch et F. Bagouchévitch, se joignent au monde littéraire biélorusse.
Les canons de la première Révolution russe tonnent au début du XXe siècle, ils ébranlent les fondements de l’autocratie tsariste. Une vie politique active anime les régions les plus éloignées du vaste empire tsariste.
La première Révolution russe appelle à l’oeuvre artistique toute une pléiade d’écrivains biélorusses de talent, inconnus jusqu’alors, parmi lesquels Yanka Koupala et Yakoub Kolass. Yanka Koupala et Yakoub Kolass sont les porte-paroles de la Biélorussie même, d’un peuple talentueux et oppressé, riche d’esprit, sans droit do nation en même temps, d’un peuple qui voyait son lendemain radieux dans la révolution, dans la des­truction du joug tsariste et des propriétaires fonciers, dans la lutte pour le droit de porter le nom d’Hommes.
Rappelons que huit millions de Biélorusses étaient privés de la possibilité d’utiliser les produits de leur culture multiséculaire, que l’usage de la langue biélo­russe était interdit officiellement, que les ouvrages, malheureusement peu nombreux, de leurs écrivains ne parvenaient pas jusqu’aux lecteurs.
La Révolution d’Octobre change la situation. Aujourd’hui il n’est pas facile de s’imaginer la grande force inouïe de cette explosion psychologique qui a accompagné la réalité révolutionnaire dans les esprits et les coeurs humains. «Nous ne sommes rien, soyons tout», ces paroles de l’Internationale, traduite par Yanka Koupala du français en biélorusse, peuvent figu­rer dans l’épigraphe du Grand Livre de la poésie, da la prose et du drame biélorusse écrit par les jeunes forces créatrices, réveillées par le Grand Octobre.
Le jeune écrivain et son lecteur, à qui le pouvoir soviétique a ouvert les vastes étendues de la vie, per­çoivent, si ce n’est pas par la connaissance, mais par l’esprit, la grande vérité de la Révolution, son sens de classe, son sens social. Des changements grandioses se produisent aux yeux des enfants et des adolescents qui atteignent l’âge viril pendant les années du pou­voir soviétique. Pour la première fois dans son his­toire la Biélorussie est un Etat parmi les égaux, il entre au sein de l’Union des Républiques Soviétiques
Socialistes. Pour la première fois dans son histoire la Biélorussie voit de nombreux établissements de recher­ches scientifiques et d’enseignement supérieur commen­cer leurs travaux, voit des théâtres ouvrir leurs portes,voit les éditions se multiplier; de nombreux journaux et revues paraissent, la République est couverte d’un réseau d’écoles. Les portes de la vie sont toutes gran­des ouvertes aux jeunes: apprends, choisis la profession que tu veux, travaille où tu veux.
Les nouvelles présentées dans ce recueil à l’inten­tion du lecteur français, ont été créées par les écrivains biélorusses parmi les plus anciens et les plus jeunes. Les écrivains biélorusses, comme d’ailleurs tout écri­vain, ne se bornent pas aux nouvelles, au contraire, leurs oeuvres sont exprimées dans tous les genres lit­téraires. Yakoub Kolass, Zmitrok Biadoula, Maxime Garetski, écrivains de la première génération, commen­cent leur activité littéraire avant la Révolution d’Octob­re, ils sont connus par leurs poésies, poèmes, nouvelles, romans.
Kandrat Krapiva, Kouzma Tchorny, Mikhass Lynkov, Piatrouss Brovka sont nés en ancienne Russie, mais ils se sont formés en tant qu’écrivains sous le pou­voir soviétique. La nouvelle ne joue pas non plus un rôle prédominant dans leurs oeuvres; Kandrat Krapiva, par exemple, est un grand fabuliste et dramaturge, Kouzma Tchorny est romancier, Piatrouss Brovka est poète, lauréat du Prix Lénine.
Ceci se rapporte également à tous les auteurs des nouvelles qui figurent dans ce recueil, à l’exception, peut être de quelques jeunes qui ont préféré commen­cer par des nouvelles et n’ont pas encore eu pratique­ment le temps de se consacrer à un genre beaucoup plus vaste et plus profond. Et puis la nouvelle est un genre indépendant et considérable de la littérature biélorusse. Elle a prouvé sa faculté de découvrir, d’int­roduire dans l’art, d’écrire les phénomènes les plus im­portants de la vie sociale et spirituelle, de décrire les caractères marquants et originaux, de déterminer les états d’esprit principaux, propres à la société.
Par ses nouvelles d’avant la Révolution Yakoub Ko­lass découvre tout un monde de la vie campagnarde biélorusse; dans ses nouvelles allégoriques, une desquelles figure dans ce recueil, il soulève de grands problè­mes philosophiques et moraux.
L’expérience créatrice de Kouzma Tchorny est aussi importante. Ses nombreuses nouvelles nous montrent le
village réveillé par la Révolution avec tout le bouil­lonnement de ses passions humaines et sociales, avec toutes ses recherches spirituelles et morales.
Kouzma Tchorny expérimente beaucoup dans ses nouvelles, il pénètre dans les profondeurs de la consci­ence et de la subconscience, il révèle les liens existant entre les idées et les sentiments, quelques éphémères qu’ils soient, il étudie le processus même de l’épanouissement du sentiment, de l’état d’esprit, de l’idée. Sa nouvelle, «Une halte au village de Siniégui», qui fait revivre le temps de la guerre civile, en est un exemple. La nou­velle, basée sur un épisode de la vie quotidienne à la campagne, est imprégnée d’un sons philosophique profond.
Mikhass Lynkov a écrit des nouvelles remarquables, qui sont entrées dans les chrestomathies biélorusses, desnouvelles consacrées à l’élévation de l’homme du peuple dans les conditions de la réalité soviétique. Ses nouvelles, vives,pleines d’un dramatisme touchant, d’humour, de ly­rique, ses phrases presque musicales, rythmées, rendent d’une façon délicate et sincère le climat de la jeunesse révolutionnaire de la République, elles peignent l’ima­ge spirituelle d’une génération qui est aujoud’hui parmi les plus anciennes. Une de ces nouvelles «Andréi Liatoune» figure dans ce recueil.
La vie ne reste pas sur place. Chaque nouvelle gé­nération exprime ses impressions, pose de nombreux problèmes nouveaux, et, il est évident, que tout chan­gement dans la psychologie de l'homme, tout mouve­ment dans la conscience sociale se reflètent avant tout dans les nouvelles des écrivains. Beaucoup d’écrivains, dont les oeuvres sont publiées dans ce recueil, sont entrés dans la littérature biélorusse, apportant avec eux l’expérience des participants de la Grande Guerre Na­tionale. Comme soldats ou partisans, ils sont passés par les durs chemins de la guerre. Ce sont Ivan Chamiakine, Ivan Miélège, Vassil Bykav, Yanka Bryl, Aliaxey Koulakovski, Mikola Tkatchov, Mikola Loupsiakov, Aliona Vassiliévitch, Arkadzi Martsinovitch, Mikola Rakitny.
Il est encore une génération qui parle de son temps et d’elle-même, une génération qui n’a pas participé à la guerre, mais qui n’oublie pas de décrire la guerre ouïes infortunes d’après-guerre. Il ne peut en être autre­ment dans la littérature d’un peuple dont un homme sur quatre est mort, tombé pendant la deuxième guerre mondiale.
Ivan Ptachnikav, Viétchaslav Adamtchyk, Baryss Satchanka, Mikhass Straltsov, Ivan Tchygrynav, Ana­tole Koudriavets, l’avel Missko, Aliess Jouk, Ouladzimir Karatkévitch, Ouladzimir Damachévitch représen­tent toute une pléiade d’écrivains qui sont entrés dans la littérature biélorusse dans les années d’après-guerre.
On peut dire que l’envergure des recherches des valeurs sociales et morales est propre aux nouvelles desécrivains de toutes les générations. De façons différentes, niais avec talent, tous, ils ont parlé de la Révolution, des trans­formations socialistes, de la guerre, de l’enfance dé­truite par la guerre. Les phénomènes sociaux et moraux, les réflexions des écrivains sur ces phénomènes cons­tituent la base de leurs oeuvres.
Dans les nouvelles des écrivains biélorusses on voit la vie quotidienne, telle qu’elle est, la sincérité des sentiments, des émotions. Certaines de ces oeuvres ont un caractère biographique dans le bon sens do ce mot, elles s’appuient sur les impressions vues et vécues, parfois même sur des faits véridiques. La nouvelle imprégnée des sèves vivifiantes delà vie quotidienne, de la vie réelle, est devenue plus vraie, plus convaincante.